Passés les rêves de la fin des années 90, et de la bulle internet, la convergence avançait jusqu’à présent à pas modéré. Aujourd’hui, les choses semblent s’accélérer, les conditions du marché étant plus favorables: les taux d’équipements en ADSL, PC, téléviseurs à écran plat, téléphones mobiles, … sont maintenant suffisants. Reste à savoir si les conditions financières actuelles ne vont pas de nouveau ralentir les choses.
Lorsque l’on parle de convergence, le premier rapprochement qui vient à l’esprit est celui de l’informatique et des télé-communications. Si l’on ajoute la télévision, on a une assez bonne idée globale de la convergence.
J’ai récemment discuté avec un collègue qui vient de s’équiper d’un GPS, et d’un lecteur multimédia (vidéo et MP3). Le premier équipement intègre maintenant la possibilité de visualiser des images, ou de lire des fichiers MP3, tandis que le second peut, dans sa version haut de gamme, servir de GPS.
Il s’agit bien là d’une convergence, mais est-ce la même que celle décrite en introduction.
Bien sur, nous avons une trame, une sorte de méta-convergence: l’informatique, les communications, et l’audio-visuel convergent vers des technologies numériques communes:
- Réseau Ethernet, et protocole TCP/IP pour les communications,
- Conséquence du postulat précédent: disparition des différences entre réseaux informatiques, téléphonie fixe et téléphonie mobile,
- Format numérique des supports pour la vidéo et l’audio,
Nous allons vers des méthodes de traitement et de transport uniques, quelle que soit l’information. Le cinéma, la télé, la radio, la musique utiliseront les mêmes technologies.
Mais lorsque l’on sort du concept, … Les enjeux ne sont pas tout à fait les mêmes. Dans le cas du GPS et du lecteur multimédia, pour notre voiture:
- Les fabricants de téléphone vont proposer des fonctionnalités de multimédia et de géo-localisation,
- Les spécialistes du GPS vont incorporer à leurs équipements, des fonctions multimédia et la possibilité de communiquer,
- Les acteurs du multimédia mobile vont ajouter des fonctions de communication et de géo-localisation
Nous nous retrouvons donc avec Nokia, TomTom et Archos sur le même segment de marché ! Et il faut ajouter Google qui disposera bientôt de quoi équiper un smartphone/GPS d’une panoplie logicielle complète.
Le même type de bagarre a lieu dans notre salon: Nous disposerons « bientôt », à portée de télécommande, d’un « machin » qui fera téléviseur, radio, console de jeux, chaîne hifi, et nous permettra d’utiliser Internet et ses outils (et le café s’est pour quand?) Nous voyons donc:
- Microsoft et Sony donner une connexion internet, des lecteurs de DVD, un clavier à leurs consoles,
- LG, Sony, … Donner des fonctionnalités internet à leurs téléviseurs, ou leurs lecteurs de DVD,
- Matrox, Iomega, qui cachent de plus en plus leurs disques durs derrière du logiciel, et les appellent Media Centers,
- Free, Orange, … proposer des boîtes ressemblant de plus en plus a des PC (à l’intérieur)
Cette convergence là, va employer les mêmes technologies que la précédente, mais n’aborde pas le même secteur de marché, ne se développera pas sur la même échelle de temps.
Que nous parlions de convergencE ou de convergenceS, une chose est sûre: tout ceci est passionnant. Je ne parle pas uniquement de l’aspect technique, mais également des aspects stratégie, marketing et financier. Nous voyons en ce moment des intervenants, issus de mondes radicalement différents, se rapprocher, ou se concurrencer. Nous sommes bien incapables aujourd’hui de prédire qui sortira vainqueur de ces gigantesques manœuvres, mais nous percevons bien, que notre environnement va profondément changer dans les années à venir: des marques leaders aujourd’hui, disparaîtront définitivement, pendant d’autres deviendront hégémoniques sur des secteurs complètement différents sur leurs activités actuelles.
Et je n’ai pas du tout parlé des acteurs chinois ou indiens, que nous ne connaissons pas encore en Europe ou aux Etats-Unis, et qui vont apparaître peu à peu, comme le font les constructeurs automobiles chinois aujourd’hui.
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