5 techniques pour traiter les photos à fortes dynamiques

En photo, j’ai un faible pour les couchés ou les levés de soleil. Les contrastes de couleur et de luminosité en font souvent des spectacles grandioses. Mais comme pour beaucoup de photographes, ces très forts contrastes me posent beaucoup de problèmes: doit-on exposer pour les basses lumières, les hautes lumières?

Pour contourner ce problème, le numérique offre de très nombreuses possibilités de post-traitement. Au départ, je me suis d’abord intéressé à la technique dont nous parlons naturellement pour ce type de photos: le HDR. Cette technique ne me donnant pas entière satisfaction (manque de naturel), j’ai regardé les autres méthodes possibles. J’en ai trouvé 5. Mais s’appuyer sur le post-traitement pour résoudre ce type de difficultés, est-il réellement la bonne approche?

5 techniques pour traiter les photos à fortes dynamiques

1. HDR / Exposure fusion

J’ai déjà abordé cette méthode à plusieurs reprises. Elle consiste à prendre plusieurs fois une même scène avec des expositions différentes, chacune devant favoriser une partie de l’histogramme (haute lumière, basse lumière, …). Ces différentes prises de vue sont ensuite «fusionnées» pour obtenir une image dont chacune des zones est correctement exposée.

  1. Par Adrian MB (Creative commons BY-NC-ND)
  2. Par jerryfergusonphotography (Creative Commons BY)

Avantage(s)

Sa relative (ou apparente) simplicité: l’assemblage des photos est quasiment automatique.

Inconvénient(s)

Le manque de naturel du résultat: des halos clairs apparaissent très vite autour des objets, et les couleurs manquent souvent de profondeur.

Méthode

Pour un résultat optimal, il faut repérer les zones «extrêmes» de la scène, et régler l’exposition de chaque photo sur ces zones. Il faut donc exposer pour les basses lumières, pour les hautes lumières, et pour les lumières médianes.

Commentaire(s)

Le braketing est un faux ami dans ce cas, car il ne permettra pas forcement d’avoir les expositions idéales dans chacun des cas.

2. Retouche locale

Technique apparue récemment avec le logiciel Adobe Lightroom si je ne me trompe pas. La retouche locale permet d’apporter des modifications non destructives à des portions de photos. Typiquement, dans le cas d’un couché de soleil, la technique permet de simuler un filtre gris-neutre dégradé, en appliquant une baisse d’exposition uniquement dans la zone supérieure.

L’outil retouche local de LightRoom
L’outil retouche local de LightRoom

Avantage(s)

Relativement simple lorsque l’on a compris l’outil. Cette méthode est plus souple que le filtre lui-même puisque l’on peut choisir la ou les zones à traiter.

Inconvénient(s)

Il faut disposer d’un logiciel qui dispose de cette fonction. La retouche ne fera pas de miracle. Même en RAW, si la partie claire est vraiment cramée, la retouche n’apportera pas plus d’information.

Commentaire(s)

Je dis même en RAW, parce que je suis toujours surpris de ce que l’on peut récupérer dans les hautes lumières lorsque l’on travaille dans ce mode. Une zone, à priori sans matière, peut révéler des reliefs insoupçonnés, et sans dégradation, contrairement aux basses lumières qui bruitent très rapidement lorsque l’on essaie de les rehausser.

Méthode

Caler l’histogramme bien à droite, même en légère surexposition.

3. Le mélange d’expositions

Bien connue des habitués de Photoshop ou de The Gimp, également appelée «exposure blending» in english, cette technique consiste à superposer des photos prises avec des expositions différentes, puis à faire apparaître les parties correctement exposées des deux clichés.

Avantage(s)

Peut-être la méthode la plus souple, parce qu’elle permet de faire à peu près ce que l’on veut.

Inconvénient(s)

Elle peut cependant se révéler fastidieuse en fonction de la complexité des découpages à effectuer. Il faut très bien maîtriser les outils de tampon ou de sélection. Il n’est pas forcement évident de gérer les transitions entre tons clairs et tons foncés.

Méthode

Comme pour le HDR, il faut caler correctement chacun des clichés, en veillant à ne pas trop tronquer l’histogramme. Par contre, il faut que l’écart d’exposition des clichés ne soit pas trop important, sinon le résultat final ne sera pas naturel.

Commentaire(s)

Ne sort-on pas du domaine de la photo?

4. Outils tons clairs / tons foncés

L’outil Ton clairs / Tons foncés fait parti de la grande panoplie d’outils de retouche (avec les courbes, les niveaux, …).

Cet outil permet de jouer subtilement avec la densité des différentes zones de la photo.

Outil Tons foncés / Tons clairs
Outil Tons foncés / Tons clairs

Vous pouvez lire une comparaison entre le HDR et cet outil sur Obturations.com.

Avantage(s)

Il n’y a pas de découpage ou de sélection complexe à faire. La retouche est globale à la photo. Il suffit donc de bouger des curseurs, ou d’agir sur une courbe.

Inconvénient(s)

La retouche est globale, et touchera donc toutes les zones de densités équivalentes. Elle n’apportera pas de matière la ou il en manque, et générera du bruit si l’on tire trop sur les zones sombres.

Méthode

Elle oblige à faire des compromis au moment du déclenchement. Contrairement aux méthodes précédentes, nous ne travaillons que sur une seule photo, dont l’exposition doit être soignée.

Commentaire(s)

Personnellement, je trouve l’outil très simple d’emploi, mais je suis passé assez rapidement à la manipulation directe de la courbe de niveau, qui permet d’aller plus vite.

Précision et compromis

Et si nous cherchions a obtenir la bonne exposition, dès la prise de vue. Faire de la photo finalement. En voilà une idée originale.

Plus sérieusement, en écrivant cet article, je suis revenu sur ma propre expérience, notamment sur les photos ou j’estimais avoir besoin de traitement à cause de la large dynamique de la scène. J’ai également regardé quelques galeries de photographes.

Et finalement, ma vision des choses a évolué. Mon approche «informatique» s’est peu à peu convertie en approche photographique. J’ai constaté, en effet, que dans la très grande majorité des cas, les techniques décrites précédemment ne sont pas utiles, ou leur usage peut être réduit,

  • en prenant soin de l’exposition,
  • en acceptant de perdre un bout de l’histogramme.

En numérique, l’histogramme est un outil puissant et efficace pour juger de l’exposition d’une photo, mais nous avons tendance à nous y enfermer, en cherchant absolument à le faire rester dans le cadre.

Un histogramme bien centré
Un histogramme bien centré

Hors, en fonction de la zone (s’il s’agit d’un point fort, ou pas), une sur ou sous exposition n’est pas forcement dramatique, et peut même passer complètement inaperçu. Réciproquement, une mauvaise exposition sur les points forts de la photo, est quasiment irrécupérable, quelle que soit la méthode utilisée.

Soignée son exposition lors de la prise de vue reste donc primordial, et il faut pour cela prendre son temps, en réfléchissant autant à la composition qu’à l’exposition (et dans cet ordre).

J’en reparlerai certainement dans un prochain article, mais la question a se poser pourrait être: vaut-il mieux une photo bien composée, ou une photo techniquement irréprochable (ce qui est quasiment impossible dans les cas qui nous intéressent ici)?

5. Les filtres dégradés

La dernière technique est purement photographique. Elle existe depuis longtemps, et consiste à placer un filtre devant l’optique utilisée. Ce filtre atténue la lumière reçue par le capteur, mais sur une partie seulement de sa surface.

Filtre dégradé circulaire
Filtre dégradé circulaire
Filtre dégradé Cokin
Filtre dégradé Cokin

Si la scène à photographier comporte deux zones d’exposition bien distincte, par exemple, un ciel très lumineux, et une partie basse plutôt sombre, le filtre va atténuer la luminosité du ciel, et réduire ainsi la dynamique de l’image (voir exemple sur Révélateur).

Avantage(s)

La méthode est simple et efficace

Inconvénient(s)

Mais elle ne s’applique qu’à un certain type de scène: il faut deux zones bien distinctes.

Méthode

Pour laisser toute liberté au niveau du post-traitement, il faut, autant que possible, caler l’histogramme à droite.

Commentaire(s)

Attention à la qualité des filtres, qui doivent être le plus neutres possible. Un filtre de mauvaise qualité fera dériver les couleurs des zones filtées. Le choix du niveau d’opacité du filtre n’est pas forcement simple. Prévoir un trépied.

Conclusions

J’ai deux conclusions pour cet article: la première porte sur l’approche, la seconde sur les outils.

Le numérique nous offre une très grande liberté, et des outils fantastiques, qui nous conduisent à certains dérives:

  • certains négligent l’exposition lors de la prise de vue,
  • d’autres, effectuent leurs prises de vue en pensant aux traitements qu’ils utiliseront,
  • et pour nous tenons absolument à garder, dans la mesure du possible, la totalité de l’histogramme dans le cadre.

Personnellement, j’avoue cumuler ces trois défauts … mais je me soigne.

Face à une scène à très fort contraste, la mauvaise méthode consiste à effectuer la prise de vue, en fonction de la méthode de post-traitement, que nous envisageons d’utiliser. Cette approche est dangereuse, parce qu’elle sépare les aspects techniques des aspects compositions. En d’autres termes, nous réduisons une photo à un histogramme.

Je pense qu’il faut d’abord chercher à prendre la photo en une seule fois, puis si nous constatons que le contraste et réellement trop important, passer en mode «multi-vues». Et dans ce cas, bien veiller à ce que les vues couvrent correctement l’intégralité du spectre, pour disposer de la meilleure photos possibles pour les expositions extrêmes.

Si l’on parle outil, je mettrais en priorité le filtre gris-neutre dégradé. Ensuite viennent deux méthodes «numériques»:

  • Les outils tons clairs / tons foncés, courbes de niveaux… lorsque les contrastes restent raisonnables,
  • Le mélange d’expositions si les contrastes sont très élevés.

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