Se lancer dans la photo panoramique demande de répondre à beaucoup de questions: quel matériel choisir? quel logiciel utiliser? Ou puis-je trouver des informations pertinentes. Ce second article sur la photo panoramique vous propose d’aborder ces questions, sous la forme d’une liste de références.
Petit complément
Dans l’article précédent, je n’ai pas parlé d’une technique de plus en plus pratiquée, et dont le panoramique constitue la base: les visites virtuelles (virtual reality). De plus en plus de sites historiques, de musées, de villes, proposent une balade dans leurs rues ou leurs salles. Ces visites sont simplement constituées de panoramiques. En voici quelques exemples (nécessitent le plugin QuickTime)
- Une visite de la Lune par les astronautes de Apollo 11
- Une des salles de la cité de l’architecture et du patrimoine
Si vous cherchez de la documentation sur internet, pensez à ajouter VR (Virtual Reality), ou QTVR (QuickTime virtual reality), dans les mots clés, vous aurez bien plus de résultats qu’en spécifiant simplement le mot «panoramique».
Le matériel
Pour une photo panoramique, nous avons globalement deux paramètres à contrôler:
- l’horizontale (ou la verticale),
- l’angle de rotation.
J’ai choisi d’aller du plus simple au plus compliqué. Tout le monde n’a pas les moyens financiers, ni la nécessité de se procurer une tête panoramique, et il est possible de faire sans.
Choix d’une rotule
Si vous souhaitez acquérir un trépied, ou changer de rotule, mais que vous ne souhaitez pas investir dans une tête panoramique, l’idéal est de choisir une rotule ayant des axes de rotation indépendants, c’est-à-dire qui autorise une rotation autour de la colonne du trépied (souvent appelé mouvement panoramique), sans générer de mouvements parasites venant des autres axes. Les rotules à boules, ne permettent pas toujours cela: en entrée de gamme tous les axes sont libérés ou bloqués en même temps.
Les niveaux
L’une des clés de la réussite d’un panoramique est de respecter l’horizontale (ou la verticale). Pour cela il existe plusieurs outils.
L’idéal est d’avoir un niveau à bulle directement sur la rotule du trépied. Si ce n’est pas le cas, ou si ce niveau, n’est pas assez précis, pour quelques euros, vous pouvez vous en procurer un qui se fixe sur le sabot du flash.
Bien sûr, il y a les heureux possesseurs d’un Canon 7D, ou d’un Nikon D300 qui disposent d’un niveau intégré.
Avec une rotule classique, il est souvent difficile d’obtenir une horizontale parfaite: il faut être très précis dans les mouvements, ne pas bouger lors du blocage … Les «levelers» (embases ou boules de mise à niveau) permettent de corriger les derniers petits défauts:
Si nous étions précédemment dans des prix de l’ordre de quelques euros, nous sommes maintenant dans une gamme de prix qui peut aller au-delà de la centaine d’euros.
Contrôle de la rotation
A la main, il est quasiment impossible d’avoir le même angle d’une prise de vue à une autre. Certes, si vous respectez les 20 à 30% de recouvrement, cela ne pose pas de problèmes particuliers, mais une rotation imprécise peu rendre l’assemblage plus difficile, ou faire perdre quelques centimètres en largeur.
Les rotateurs (embases graduées et/ou crantées) sont des systèmes de rotation «à crans», qui permet d’effectuer des rotations d’un angle constant, choisi à l’avance.
Avec ce type d’accessoire, nous n’avons plus à nous poser de question: il suffit de tourner l’appareil, et de s’arrêter lorsque l’on atteint un cran. Autre avantage non négligeable: nous n’avons plus à regarder dans le viseur pour vérifier les zones de recouvrement.
Le prix dépend de la faciliter d’utilisation. Le changement d’angle de rotation peut nécessiter un outillage pour les modèles d’entrée de gamme (montage/démontage), alors que le simple changement de position d’une goupille suffit pour les modèles haut de gamme.
Les têtes panoramiques
Il est évident qu’une tête panoramique est une solution confortable, mais l’investissement n’est pas négligeable. Il existe trois types de têtes panoramiques:
- Les têtes cylindriques,
- Les têtes sphériques,
- Les têtes motorisées (sphériques).
Les têtes cylindriques offrent un seul axe de rotation du matériel autour de son point nodal, alors que les têtes cylindriques en offrent deux. Les têtes motorisées automatisent complètement les mouvements.
Les têtes cylindriques sont les plus simples, mais il faut veiller à ce qu’elles permettent de placer le boîtier en position verticale.
Les critères de choix sont à peu près les mêmes que pour les trépieds ou les rotules classiques. Il faut vérifier:
- le poids du matériel à supporter,
- le poids de la tête elle-même: le prix varie beaucoup en fonction des matériaux utilisés (aluminium, carbone, …),
- la facilité d’utilisation: Plus la tête est réglable facilement, plus elle est complexe mécaniquement, et donc coûteuse.
Si vous êtes tenté, et prêt à franchir le pas, il faut encore vous poser quelques questions. Ai-je toujours besoin de ma rotule standard? Comment vais-je passer de l’une à l’autre? Deux approches possibles:
- disposer de deux trépieds, un pour la rotule standard, l’autre pour la tête panoramique,
- Passer de l’une à l’autre, avec le même trépied.
Le second cas peut être pénible voir impossible si vous ne pouvez pas fixer la tête panoramique sur la rotule d’origine. Il faut donc bien vérifier ce point avant l’achat.
L’offre est globalement segmentées en trois grandes catégories.
D’abord les constructeurs traditionnels: Catégorie la plus chère, mais certainement la plus sûre. Qualité du matériel, disponibilité d’accessoires, service après-vente …
- Manfrotto propose une tête cylindrique, ainsi qu’une tête sphérique,
- Novoflex propose une gamme complète de tête,
Les spécialistes: certains constructeurs se sont spécialisés dans ce domaine, en proposant des têtes panoramiques, ainsi qu’une gamme d’accessoires complètes:
- Le plus connu est certainement Fanotec (Nodal Ninja) qui propose des têtes panoramiques sphériques, à des prix plutôt raisonnables (~ 200 Eur pour la NN3)
- Le constructeur 360 Precision offre également une gamme complète, mais plus chère (> 500 Eur).
Remarque à propos de Nodal Ninja: la boutique en ligne du constructeur propose des têtes NN3 à 200 $ (155 Eur avec un dollar entre 1.3 et 1.4Eur), alors qu’elle est proposée à 230 Eur TTC en Europe, mais les frais de port sont prohibitifs. Donc si vous avez l’occasion de voyager aux Etats-Unis, n’hésitez pas!
Les artisans: je classe dans cette catégorie, des bricoleurs plutôt doués, dont la qualité de leur tête «maison» est suffisante pour être commercialisée. Le prix est plutôt attractif, mais les produits sont, en général, moins confortables à utiliser.
- La tête la plus aboutie semble être la Pano-Maxx dont la construction peut être comparée à la Ninja NN3,
La moins chère est la Panosaurus (85$ en Février 2010),Mais il y a également la Panorol.
Les têtes «maison»
Si les têtes citées précédemment vous semblent chères, vous pouvez construire votre propre tête panoramique. Beaucoup de photographes amateurs ont recours à cette solution.
Dans ce domaine, une recherche sur internet conduit à tout et n’importe quoi! Mais je me garderais bien de critiquer ces montages, parce que la mécanique est un métier, comme l’est la photo ou l’informatique, et certaines réalisations sont vraiment très réussies.
Si vous vous lancez dans cette aventure, deux points me semblent importants:
- Ne mettez pas en danger votre matériel: un reflex avec une optique atteignent vite les 1 à 2 kg. Il ne s’agit donc pas d’assembler deux équerres en alu léger,
- Calculer bien le coût de votre installation: un système à plateau rapide vaut entre 25 et 35 Eur chez Manfrotto, si l’on ajoute les petits accessoires indispensables pour être compatible avec les vis 1/4 ou 3/8, nous arrivons vite à des sommes qui vont de 60 à 100 Eur. A ce niveau là, nous ne sommes plus si loin des têtes comme la Panosaurus, ou la Pano-Maxx.
Logiciels
Les prises de vue, aussi précises soient-elles ne servent à rien, si nous ne disposons pas d’un logiciel d’assemblage. Ces logiciels réalisent deux tâches principales:
- Ils compensent les déformations liées aux optiques (surtout grand angle),
- Ils alignent et assemblent les photos.
Les critères de choix sont nombreux:
- Système utilisé: Windows, Linux ou Mac,
- Capacités d’utiliser les fichiers RAW ou simplement JPG,
- Performances dans le traitement des déformations,
- Choix de la méthode d’assemblage,
- Ergonomie.
Les logiciels commerciaux les plus répandus sont:
- AutoPano de Kolor ( à partir de 100 Eur)
- Panorama Studio de TSHSoft ( à partir de 35 Eur)
- PanoramaFactory (à partir de 80 Eur)
- PTGui est base sur les outils PanoTools (à partir de 80 Eur)
Dans le domaine du Libre ou de l’opensource, les logiciels ne sont pas nombreux, mais ils font référence:
- Sous le nom Panotools se trouvent un ensemble d’outils d’assemblage panoramique. Accessible en ligne de commande, ces outils se sont ensuite dotés d’une interface (rudimentaire). Aujourd’hui ces outils existent sous différentes formes, comme par exemple, un plugin The GIMP.
- La référence «libre» actuelle est Hugin. Le logiciel s’appuie sur les outils PanoTools, en leur apportant une interface digne de ce nom. Le logiciel évolue plutôt bien en ce moment (3 versions depuis juin 2009), et il existe en plusieurs langues, dont le français.
Il existe un très grand nombre d’autres logiciels d’assemblage, souvent fournis gratuitement dans le pack logiciel des appareils photos. Ceux que je viens de citer sont cependant les plus connus / répandus. Personnellement, j’utilise Hugin. Son interface peut paraître un peu complexe au début, mais la communauté autour de ce logiciel est de plus en plus importante, et publie des tutoriaux plutôt bien faits (et en français).
Faire un comparatif de ce type de logiciel peut être assez lourd, c’est pourquoi il en existe peu. François-Pierre Langlois en publie deux, un ancien, et un plus récent.
Les sites et forums
Le panoramique et les activités liées (visites virtuelles par exemple), est un sujet qui se développe énormément. Il suffit de faire une recherche sur internet pour s’en convaincre.
La liste ci-dessous est forcement un peu arbitraire, parce qu’elle résulte de mes navigations:
- (fr) D’un point de vue technique, le site de référence pourrait être celui d’Arnaud Frich,
- (fr) Herve Sentucq propose sur le site Gallerie-Photo un article sur la composition en photo panoramique,
- (fr) Laurent Thion nous montre de très beaux exemples de visite virtuelles réalisées grâce à des panoramiques.
- (en) World Wide Panorama est une sorte de FlickR ou Picassa Album du panoramique.
Conclusion
J’espère que ces différents liens et références vous seront utiles. Cette petite étude montre que si la photo panoramique reste plus confidentielle que la photo classique, elle attire de plus en plus d’adeptes. Ceux qui souhaitent se lancer ne sont donc plus seuls, et peuvent s’appuyer sur l’expérience d’une communauté de plus en plus nombreuses. Si le matériel est encore relativement coûteux, il devient accessible. Il en va de même avec les logiciels, dont les prix restent tout à fait raisonnables (et je ne parle pas de Hugin).
Il ne vous reste donc plus qu’à vous lancer.
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