Photo panoramique: ma tête maison

Je continue mon incursion dans le monde de la photo panoramique. Jusqu’à présent, j’ai parlé de la théorie, et j’ai présenté les outils, il me restait à passer à la pratique. Pour cela, j’envisageais l’utilisation d’une tête panoramique. Après quelques hésitations, j’ai abandonné l’idée de l’achat, et me suis décidé à en construire une.

Photo panoramique: ma tête maison

Pourquoi ne pas avoir directement acheté une tête?

Comme expliqué dans un article précédent, le prix d’une tête panoramique n’est pas négligeable. Il faut compter un minimum 250 Eur pour une tête de type Ninja NN3, 400 Eur pour une tête Manfrotto ou Ninja NN5. Les têtes «artisanales» sont moins chères, mais souvent plus lourdes, et ne disposent pas forcement du confort d’utilisation des têtes «pro». Comme j’ai un tas d’autres projets en attente, et que je débute cette activité, j’ai décidé de me construire ma propre tête, en essayant de minimiser les prix. En fonction des résultats, et si je prends goût aux panoramiques, je pense m’équiper d’une solution plus sérieuse.

Mon cahier des charges est assez simple:

  • Une tête prioritairement cylindrique. Sphérique serait un plus apprécié, mais cette fonction ne doit pas alourdir le système,
  • Capable de supporter un ensemble boîtier/optique de 2 Kg,
  • Permettant le positionnement vertical du boîtier,
  • Légère, démontable et/ou pliable, pour se faire discrète, dans un sac déjà bien rempli,
  • Rapide à monter et à démonter,
  • Un prix ne dépassant pas les 50 Eur.

L’objectif est de faire du panoramique de paysage. Je n’envisage pas, pour l’instant, de faire des montages du type visite virtuelle.

L’étude

En fonction du cahier des charges, et surtout du critère «prix», j’ai parcouru internet et les différents forums, pour regarder les montages existants.

Première conclusion: mécaniquement, une tête sphérique se présente de cette façon:

Principe d’un tête sphérique
Principe d’un tête sphérique

Tout autre agencement ne permettrait pas une rotation autour du point nodal (en sphérique). Il faut donc prévoir:

  • Une équerre: pour maintenir le boîtier en position verticale, aligner l’axe de rotation de la rotule, avec le centre de l’optique, et modéliser le premier axe de rotation (axe vertical),
  • Un bras: pour modéliser le second axe de rotation (axe horizontal),
  • Une charnière entre les deux: cette charnière sera, en fait, au niveau du point nodal de l’optique,
  • Les points de fixation: du montage sur le trépied, du boîtier sur le montage.

Les dimensions

Deux approches possibles:

  • soit calculer les dimensions, la position des trous, … très précisément pour un boîtier et une optique donnés,
  • soit donner la possibilité d’effectuer les réglages librement, et autoriser ainsi les changements de matériel.

La première option est à mon sens, la plus précise: en connaissant les différentes dimensions nécessaires, le montage final ne nécessiterait pas de réglage, et surtout ne se dérèglerait pas avec le temps. Cependant, la méthode est délicate: que se passe-t-il en cas d’erreur de calcul, ou d’un mauvais ajustement? Que faire lorsque l’on change de matériel?

J’ai donc opté la seconde, parce qu’elle reste très souple. Elle ne nécessite pas de disposer de toutes les infos avant la conception de la tête (notamment la position de la pupille d’entrée de l’optique), et elle est tolérante aux erreurs de conception.

Les composants

Une fois le principe choisi, l’étape suivante est de trouver

  • les matériaux, à la fois rigide (capables de supporter les 2 Kg), mais légers,
  • les systèmes de fixation, qui doit être eux-aussi robustes,  mais simples et rapides à utiliser.

Pour les fixations, je me suis en grande partie inspiré du montage d’Olivier:

Principe de fixation: utilisation d’une attache rapide RC2
Principe de fixation: utilisation d’une attache rapide RC2

Le principe est d’utiliser le même plateau que celui de la rotule. Dans mon cas, il s’agit d’un Manfrotto RC2. Pour le reste, j’ai longtemps cherché un système qui m’évite de faire usiner les pièces. Malheureusement, je n’ai rien trouvé de réellement satisfaisant.

Je me suis donc résigné à la solution «industrielle»: baguette aluminium + usinage. Pour la construction de la tête, il faut:

ElementPrix
MANFROTTO 323 Adaptateur Rapide RC230 Eur
MANFROTTO 088LBP Adaptateur 1/4-3/86 Eur
MANFROTTO 143S Griffe Flash (Vis 1/4)12 Eur
Environ 60 cm d’une baguette aluminium de 5mm d’épaisseur, 3 cm de largeur5 Eur
Usinage15 Eur
Total68 Eur

Le plan d’usinage est le suivant:

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plan_tete_panoramique.pdf25 kB

Au niveau de l’équerre, j’ai opté pour le pliage. Une autre solution aurait nécessité un système de fixation ou de charnière, plus cher et/ou moins solide. Apparemment, au delà de 5 mm d’épaisseur, le pliage de l’alu devient plus délicat. A ce sujet, il faut de l’alu de type AG3 (pas de l’U4G).

J’ai estimé les dimensions, à partir des informations fournies par les deux liens suivants:

La tête

Voici donc les composants, et la tête montée. Il s’agit d’une première version.

Ma plus grande crainte venait du poids de l’ensemble boîtier + optique. Cette charnière temporaire allait-elle tenir? Elle tient, et plutôt bien même. Le système se révèle très stable. Une fois bloqué, l’appareil ne bouge plus.

Le choix de l’attache rapide et du plateau RC2 rend l’ensemble très rapide à monter: quelques secondes suffisent pour accrocher la tête au trépied, et le boîtier reflex à la tête. Mais l’on peut s’en passer, ce qui réduit la facture de 30 Eur. L’aluminium est très léger, l’ensemble ne pèse que 350 g.

L’assemblage, et les premiers essais montrent des points d’amélioration:

  1. Avec la charnière actuelle, le réglage d’angle de rotation horizontal est, ni pratique, ni précis. Il est difficile d’assurer que les deux pièces sont parfaitement perpendiculaires, et modifier l’angle nécessite un outillage. Je m’interdis donc pour l’instant des panoramiques de plusieurs rangées,
  2. Je ne peux pas effectuer de rotation complète (360°) autour de l’axe horizontal.
  3. La forme de l’attache du plateau RC2 m’interdit de la fixer en position vertical. Je l’ai donc tourné de 90°, ce qui m’oblige à faire de même pour le plateau sur le boîtier,
  4. Toujours au sujet de cette attache, il est difficile de la fixer de façon parfaitement perpendiculaire à la barre d’aluminium.

Je ne pourrai rien faire sur le point 3. Je pense régler le point 4 assez rapidement, grâce à des cales ou des repères. Les points 1 et 2 étaient prévus: les résoudre passe une amélioration de l’articulation entre l’équerre et la barre. J’ai quelques pistes, la plus sérieuse étant d’utiliser de petits cylindres de bois.

Conclusion

Le cahier des charges est presque rempli: j’ai une tête utilisable, légère, et rapide à monter. Seul le prix est hors spec.

 Avantages

  • Légèreté de l’ensemble,
  • Réglages possibles, et assez faciles,
  • Stabilité.

Inconvénients

  • Pas complètement pliable,
  • Pas complètement sphérique pour l’instant,
  • Nécessite une clé pour la charnière (pour l’instant).

Prochaines étapes: trouver le ou les points nodaux de mon 17-55mm, et faire quelques tests, puis travailler sur la charnière.

Références

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