Une recherche sur internet nous donne un assez grand nombre de méthodes. J’ai isolé trois grandes catégories:
- L’utilisation d’une base de données indiquant par couple boîtier/optique, une ou plusieurs valeurs,
- L’observation de l’optique,
- Le test d’alignement, entre un objet proche, et un objet plus éloigné.
Les deux premières méthodes demandent souvent d’être vérifiées, et/ou ajustées, ce qui revient très souvent à utiliser la troisième méthode. Je me suis donc tourné directement vers celle-ci.
Le test d’alignement consiste à photographier, sous des angles différents, deux objets alignés, l’un proche, l’autre éloigné. Si l’alignement de ces deux objets reste constant, quel que soit l’angle de prise de vue, alors nous tournons autour du point nodal. Dans le cas contraire, il faut effectuer un ajustement.
Sur la figure ci-dessous, lorsque le boîtier tourne, nous n’avons pas le même alignement entre les objets:
alors que sur la figure suivante, l’écart entre les objets reste constant. L’ensemble boîtier/optique tourne donc autour du point nodal de l’optique:
La méthode
Le protocole est le suivant:
- Réglage des niveaux: l’ensemble boîtier / optique doit être parfaitement horizontal dans un sens, et vertical dans l’autre,
- Réglage de l’alignement vertical: l’axe vertical de la lentille frontale doit correspondre à l’axe de rotation de la rotule du trépied,
- Réglage de l’alignement horizontal: le point nodal doit se situer au niveau de l’axe de rotation horizontale de la tête.
Réglage des niveaux
Cette étape est obligatoire. Sans elle, les réglages effectués ultérieurement, seront complètement faussés. J’utilise pour cela un niveau à bulle qui se fixe sur le sabot flash de l’appareil.
La mise à niveau doit se faire sur les deux axes.
Réglage de l’axe de rotation vertical
L’objectif est donc d’aligner l’axe vertical de la lentille frontale de l’optique, avec l’axe de rotation vertical de la rotule. J’utilise pour cela un simple fil à plomb: en positionnant le fil devant la lentille, en veillant à ce qu’il soit centré par rapport à celle-ci, je n’ai plus qu’à marquer sur la tête panoramique, à l’endroit où elle croise le fil.
Réglage de l’axe de rotation horizontal
Ce dernier réglage s’effectue avec la méthode des alignements décrites dans le paragraphe précédent. J’ai utilisé deux fils auxquels j’ai attaché un poid pour obtenir deux verticales stables:
Cette recherche de l’alignement peut vite devenir fastidieuse. Pour accélérer les choses, vous pouvez utiliser différentes techniques, permettant d’avoir un bon point de départ:
- Utiliser les bases de données,
- Se positionner, à un ou deux centimètres derrière de la lentille frontale de l’optique,
- Faire quelques rotations, en gardant l’œil sur l’oculaire.
Ensuite, il faut être patient: faire trois clichés, les analyser, modifier la position, refaire les trois clichés, les analyser, …
La distance entre les deux fils semble constante, quelle que soit l’orientation du boîtier: nous avons atteint le point nodal.
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Attention au viseur
L’alignement entre l’objet proche et l’objet éloigné doit être précis. Effectuer cet alignement en regardant directement dans le viseur ne sera pas suffisant, car ce que vous y verrez dépendra également du positionnement de votre œil par rapport au viseur. Le mieux est donc
- d’utiliser le mode Liveview de votre boîtier, s’il en est équipé,
- ou de prendre les photos, et de comparer les images obtenues.
Une focale, un point
Le point nodal dépend
- du boîtier,
- de l’optique,
- de la focale.
Si vous avez un zoom, il est donc important d’effectuer le réglage pour des focales différentes. Sur mon 17-55, j’ai commencé par trois focales: 17, 35 et 50mm. Je complèterai par la suite avec d’autres focales si nécessaire (je pense à 20 ou 24mm).
Du temps et de la méthode
Comme vous pouvez le constater, régler le point nodal nécessite du temps. Concrètement, si vous découvrez votre tête pour la première fois, il faut réserver une demi-journée, sans perturbations extérieures, et sans projet photo.
Une demi-journée peut paraître long, mais elle inclut les premiers panos que vous ne manquerez pas de faire lorsque vous aurez terminé la phase de réglages. Parce qu’une fois le point(s) nodal(s) trouvé(s), la tentation est très forte, de faire des panos de tout et n’importe quoi, et de les assembler pour savoir si votre investissement en temps et/ou en argent vaut le coup.
Plus précis et complets sont les réglages, plus rapide sera la mise en œuvre lors de la prise de vue, et meilleurs seront les résultats lors de l’assemblage.
Pourquoi ces informations ne sont-elles pas fournies?
Je trouve vraiment dommage, voire limite scandaleux que les fabricants d’optiques ne donnent pas des tables de points nodaux, ou au moins quelques informations pour le calculer facilement. Eux n’ont certainement pas besoin de tests pour connaître les dimensions internes de leurs produits. Avec les dimensions des boîtiers qui, elles sont connues, il ne serait alors pas très difficile de définir très précisement les points nodaux.
Résultats
Après réglages, voici le résultat des premiers tests.
Commençons par un panoramique d’intérieur (il ne s’agit pas de mon domicile):
Tout d’abord, l’assemblage s’est fait sans aucun problème. Ensuite, l’image finale ne montre aucun raccord. Le résultat est donc très satisfaisant, y compris dans la zone la plus critique, comme le pot de fleur devant la fenêtre.
En regardant les images d’origine (avant assemblage), on note cependant un petit défaut d’alignement que j’essaierai de réduire ultérieurement:
A noter que les pertes pendant le recadrage sont minimums:
Second panoramique, en extérieur, cette fois:
Cette photo couvre un angle de presque 180°. L’horizontale n’est pas parfaite et il y a des erreurs de mise au point, mais l’assemblage n’a posé aucun problème, malgré les nombreux pièges, comme les alignements des poteaux avec des sapins, des lampadaires avec les status, de la fontaine avec la bibliothèque.
Je sais que ce n’est pas forcement la scène idéale pour juste faire des tests, mais je l’avais en tête depuis un certain temps. Elle m’a d’ailleurs appris deux ou trois petites choses supplémentaires dont je vous parlerai bientôt.
Conclusion
Faute d’une méthode déterministe, la recherche du point nodal est relativement fastidieuse. Elle demande patience et rigueur. Si vous prenez des paysages lointains et mono-plan, ce travail n’apportera quasiment rien. Par contre, si les scènes photographiées sont plus proches, et comportent plusieurs plans, alors votre travail sera largement récompensé, car les résultats sont nettement supérieurs à ce que l’on peut obtenir sans tête panoramique.
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