Photo au flash: 8 principes fondamentaux

Grâce à l’article précédent, nous en savons un peu plus sur le matériel et ses contraintes. Nous avons également donné quelques définitions pour mieux appréhender ce qui se cache derrière le vocabulaire technique. Tout ceci permet de mieux comprendre certaines choses, mais pas encore de faire des photos correctes avec un flash. Essayons donc d’avancer, en abordant dans cet épisode, les principes fondamentaux de la photo au flash.

Photo au flash: 8 principes fondamentaux

Préambule

Premier point: Jusqu’à présent, j’utilisais le flash assez bêtement, sans trop comprendre son fonctionnement (mode P, priorité ouverture ou M pour le boîtier, mode auto pour le flash). Evidemment, je n’obtenais jamais les résultats escomptés, et surtout je n’étais pas capable de savoir pourquoi. Ces tutoriaux correspondent donc à une volonté de mieux maîtriser le sujet. 

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Comme il s’agit d’un auto-apprentissage, je ne suis pas tout à fait confiant sur la façon d’aborder les choses. Je pense ne pas être trop loin des concepts, mais la méthode ou la démarche pour y arriver, pourra peut-être gêner les puristes. D’autant que la littérature me semble beaucoup moins claire ou accessible que pour les bases de la photo. J’accepterai donc toutes les remarques et commentaires qui pourront m’aider à améliorer ce tutoriel, qui sera certainement amené à évoluer. 

Second point: Lorsque je parle de photo au flash, je parle de ce que 90% d’entre nous faisons, c’est-à-dire, des photos avec un boîtier, équipé d’un flash interne, ou d’un flash externe de type « cobra », ce que j’appelle la photo de reportage. Je n’aborderai donc pas l’éclairage de studio, ni même le flash déporté. 

Troisième et dernier point: les automatismes. Je ne suis pas un partisan acharné du mode manuel. Lorsque nous avons le temps de préparer la photo, le mode manuel est idéal. Lorsqu’il s’agit de faire des photos à la volée, les automatismes ne donnent peut-être pas de résultats optimaux, mais ils apportent un confort non négligeables. Cependant, dans le cas de la photo au flash, les automatismes 

  • donnent souvent de très mauvais résultats: il y a un gros écart entre ce que donne un mode automatique, ou un mode priorité, et ce que l’on peut obtenir manuellement (je parle du boîtier),
  • brouillent complètement la compréhension que nous pourrions avoir de la théorie. Il y a en effet de grandes disparités de résultats, selon les modes utilisés et les situations.

Donc dans cet article, qui sera encore un peu théorique, je vais d’abord travailler en mode entièrement manuel pour bien illustrer les principes énoncés, puis j’expliquerai ensuite les différences avec les modes automatiques dont nous disposons sur un boîtier. 

Entrons maintenant dans le vif du sujet. 

Deux sources lumineuses

Sans flash, lorsque nous prenons une photo, nous n’avons a gérer qu’une seule source de lumière, la lumière ambiante, qui peut être la lumière du jour, un éclairage artificiel, la lune, … 

Avec un flash, nous avons tous tendance à nous focaliser sur l’éclairage produit par le flash. Hors la lumière ambiante, aussi faible soit-elle, est toujours là. Il faut donc toujours considérer que nous avons deux sources lumineuses distinctes: la lumière ambiante, et l’éclair du (ou des) flash(es). 

Principe 1: Maîtriser la photo avec flash, consiste à savoir gérer le mélange de deux sources lumineuses: la lumière ambiante, et l’éclair du flash.

Nous pouvons globalement isoler deux grandes catégories de cas: 

  • Suppléer au manque de lumière ambiante, lorsque celle-ci est faible (éclairage artificiel en intérieur par exemple),
  • Compenser l’intensité de la lumière ambiante, lorsque celle-ci est forte, pour adoucir les ombres par exemple. Nous parlons dans ce cas de fill-in.

L’objectif final étant d’obtenir: 

  • une exposition correcte de tous les plans la scène,
  • avec la balance des blancs souhaitée.

Quelques mots sur le terme fill-in

La traduction littéral de ce terme est « appoint / remplir / combler ». La définition de Wikipédia est la suivante: Le Fill-in est une technique photographique qui consiste à utiliser la lumière d’un flash en appoint à la lumière naturelle. 

Cette définition étant finalement assez floue, j’en ai trouvé beaucoup d’interprêtations différentes. J’ai fini par en choisir une qui me semble à la fois simple et claire: la photo au flash devient fill-in lorsque la lumière ambiante est prépondérante par rapport à l’éclair du flash. Les deux cas les plus typiques sont le contre-jour, et l’adoucissement des ombres (en extérieur par temps ensoleillé par exemple). 

Les contraintes liées au flash

La lumière d’un flash suit quatre principales contraintes: 

  1. La surface émettrice est réduite,
  2. Le nombre guide, avec la formule NG = Indice d'ouverture * distance,
  3. L’éclair du flash est extrêmement brève, la lumière ambiante est constante,
  4. La loi de carré inverse nous dit que l’intensité lumineuse décroit en fonction du carré de la distance.

En partant de ces quatre contraintes, nous allons établir les principes fondamentaux d’utilisation des flashes. 

Surface émettrice réduite

L’un des principaux avantages des flashes de reportage, est leur compacité. Mais cette taille réduite à un prix: la surface émettrice est réduite, la lumière générée est donc « dure », concentrée et mono-directionnelle. 

Pour expliquer pourquoi ce type d’éclairage n’est pas bon, je vais faire une analogie avec la lumière naturelle. Prenons une belle journée d’été, à 14h00. Le ciel est bleu, le soleil est à son zénith. Une photo a ce moment de la journée donnera de très forts constrastes, avec des zones très (trop) bien éclairées, et des zones d’ombres très marquées, très sombres. Quelques minutes plus tard, un voile nuageux vient filtrer / diffuser la lumière du soleil. La luminosité baisse un peu, mais surtout la lumière vient de partout. Les ombres s’estompent, disparaîssent presque. Même si ce voile génère d’autres problèmes, nous voyons bien qu’une lumière diffuse, plus douce, donne de meilleurs résultats qu’une lumière dure. 

Ce qui nous conduit au second principe de notre article: 

Principe 2: Plus la surface émettrice est grande, plus douce sera la lumière, meilleurs seront les résultats. 

Voilà pourquoi, les photographes de studio utilisent des parapluies ou des diffuseurs et que nous voyons apparaître, de plus en plus, d’étranges protubérances au sommet des flashes de reportage. 

Ces aspects diffusion / réflexion de la lumière étant un sujet à part entière, je l’aborderai dans un prochain article. 

Le nombre guide

La plupart du temps, un nombre guide est uniquement vu comme un indicateur de puissance du flash. Nous oublions finalement très vite la formule NG = Indice d'ouverture * distance, qui est tellement simple, que nous ne voyons pas trop à quoi elle peut servir. 

Principe 3: La formule du nombre guide est fondamentale, et il faut l’utiliser exactement comme elle est exprimée. 

Supposons que nous disposions d’un flash dont le nombre guide est 34 à la focale 50 mm. Si notre sujet est à 4 mètres, il sera correctement exposé si nous choisissons une ouverture de 34/4 = f/8. 

Toujours avec le même flash, nous souhaitons, cette fois, une plus grande ouverture (pour la profondeur de champ par exemple), comme f/4. Le sujet sera correctement exposé, si nous nous éloignons de 34/4 = 8 mètres. 

Si nous souhaitons ouvrir encore plus grand, et que notre sujet est proche (2 mètres par exemple), il faudra obligatoirement abaisser la puissance du flash. A f/4, avec le même flash, il faudra abaisser la puissance du flash de 4 crans (1/16). 

Le nombre guide est également lié à la sensibilité avec la formule: Nombre guide = Nombre guide(100 ISO) * racine carrée( Nouvel ISO / 100).
Exemple: Un flash ayant NG = 43 à 100 ISO, aura, à 400 ISO, un nombre guide de NG(400 ISO) = 43 * racine carrée ( 400/100 ) = 86.\ Donc quadrupler la sensibilité revient à doubler le nombre guide. 

Attention à ne pas confondre le nombre guide et la portée du flash. Ces deux notions sont liées, mais pas identiques. Avec un NG=34 et une ouverture de f/8, un sujet situé à 34/8 ~4 mètres sera correctement exposé, mais la lumière du flash exposera également, avec une plus faible intensité, des sujets situés à quelques mètres derrière. 

Considérer deux expositions

Regardons attentivement la contrainte n°=3: sur un flash de reportage, l’éclair du flash est très brève, et oscille entre quelques dizièmes de milli-secondes, et une milli-seconde (1/1000 ième). Hors si vous avez bien suivi l’article précédent, vous savez qu’avec un flash, sauf exception, la vitesse d’obturation ne peut dépasser la vitesse de synchronisation, qui est de 1/125ième ou 1/250ième sur la plupart des boîtiers. 

Décomposons ce qu’il se passe lorsque nous déclenchons: 

Flash et obturation
Flash et obturation

Comme nous pouvons le constater sur ce schéma, la lumière qui atteint le capteur, est composée 

  • pendant la durée de l’éclair du flash, d’un mélange de cet éclair, et de la lumière ambiante, avec une nette prédominance du flash,
  • après l’éclair du flash, de la lumière ambiante uniquement.

Si nous rapprochons ce constat, avec le fait que nous devons considérer deux sources lumineuses, nous obtenons l’un des points fondamental de la photo au flash 

Principe 4: Lorsque nous réalisons une photo au flash, nous devons considérer deux expositions: l’exposition à la lumière ambiante, et l’exposition au flash. 

Nous avons 

  • L’exposition au flash, qui intervient pendant la durée de l’éclair,
  • L’exposition à la lumière ambiante, qui intervient pendant toute la durée du temps de pose (ouverture de l’obturateur).

Arrêtons nous maintenant sur cette fameuse loi de carré inverse, en essayant de comprendre ses implications dans la pratique. Prenons une scène, composée de 2 objets, situés à 2 mètres l’un de l’autre, l’appareil photo étant lui-même situé à 2 mètres devant le premier objet. L’objet le plus en arrière va recevoir 4 fois moins de lumière que celui placé devant. 

Sur le schéma ci-dessus, nous voyons bien que l’objet 2 ne reçoit quasiment rien du flash, comparé à l’objet 1. Nous pourrions presque considérer que cet objet 2 n’est éclairé que par la lumière ambiante. 

Loi de carré inverse
Loi de carré inverse

Si nous cumulons le principe 4 et la loi de carré inverse, nous obtenons donc le cinquième principe: 

Principe 5: Le flash expose prioritairement le premier plan, la lumière ambiante le reste de la scène photographiée. 

En exagérant le raisonnement, nous pouvons considérer que nos deux expositions travaillent séparement: 

  • L’exposition au flash, qui s’adresse principalement au premier plan,
  • L’exposition à la lumière ambiante, qui concerne essentiellement le reste de la scène

Approche empirique

Hypothèses

Oublions un peu la théorie, et essayons d’aborder les choses sous un angle plus pratique. Avec un flash, quels paramètres influencent l’exposition de notre photo? 

Les premiers paramètres qui viennent à l’esprit sont ceux que nous manipulons habituellement: 

  • L’ouverture: ce paramètre régule la quantité de lumière entrant dans le boîtier. A ce niveau, la lumière est un mélange de l’éclair du flash et de la lumière ambiante. L’ouverture doit donc influencer l’exposition de ces deux sources.
  • La vitesse d’obturation: si nous restons en dessous de la vitesse de synchronisation, la durée de l’exposition sera de minimum 1/250 s . Nous savons que la durée de l’éclair du flash n’excède pas 1/1000 s. Donc
    • La vitesse d’obturation n’aura jamais aucune influence sur l’exposition liée à l’éclair du flash, puisqu’elle sera toujours plus longue que celle-ci,
    • Au mieux l’éclair du flash ne jouera qu’un rôle partiel dans l’exposition globale de la scène.
  • La sensibilité: ce paramètre fait varier la façon dont le capteur va « absorber » la lumière qu’il reçoit. Cette lumière étant déjà un mélange de l’éclair du flash, et de la lumière ambiante, l’influence de ce paramètre est donc globale.

Avec un flash, de quels paramètres supplémentaires disposons-nous? 

  • La puissance du flash: Intuitivement, il est clair que si nous sommes capables de faire varier l’intensité de l’éclair du flash, nous influencerons obligatoirement l’exposition de la photo, mais en agissant uniquement sur les parties de la scène qui sont atteintes par l’éclair.
  • La distance du flash au sujet: effectivement, il est assez évident que si nous nous éloignons du sujet, l’intensité lumineuse de l’éclair qui l’atteignant, sera moins forte. Dans le même temps, l’intensité de la lumière ambiante ne change pas. La distance n’influence donc que les parties de la scène qui sont « éclairées » par le flash.

Résumons nos hypothèses:

ParamètreExposition au flashExposition Lumière ambiante
Intensité éclair flashX
Distance Flash-SujetX
OuvertureXX
Vitesse d’obturationX
SensibilitéXX

Vérifications

Vérifions maintenant ces hypothèses. Pour être rigoureux, toutes les photos suivantes ont été prises en mode manuel, c’est-à-dire boîtier en mode M, flash en mode manuel. La tête du flash est directement orientée vers le sujet. 

J’ai installé mon « studio » dans mon salon. Le choix des réglages sont principalement liés à la dimension de celui-ci: 

  • La focale choisie est 50 mm
  • A cette focale, le nombre guide de mon flash varie de 12 m à 1,5 m, pour des ouvertures allant de f/2.8 à f/22,
  • A f/4, le nombre guide varie de 8,5 m à 48 m, pour des sensibilités allant de 100 à 3200 ISO.
  • Mon salon n’étant pas démesuré, j’ai abaissé la puissance du flash de 4 crans, pour avoir des distances raisonnables. A la puissance de 1/16, le nombre guide a f/4 et 100 ISO n’est plus que de 2 m, et le flash affiche une portée maximale de 3 mètres,
  • Pour la vitesse, la mesure d’exposition sans flash, me donne 1/2 à f/4. Je suis donc parti de cette valeur.

Le montage est donc le suivant: 

Banc de test
Banc de test

Adriana Karembeu n’étant pas disponible, je suis assisté de mon second mon modèle favori, Zeus en personne qui, malgré son légendaire sale caractère, s’est prêté sans broncher, à toutes mes expériences photographiques. 

Variation de la vitesse d’obturation (ISO 100, f/4, 2 mètres, puissance flash constante)

Les résultats sont conformes aux attentes pour l’exposition au flash, mais pas pour le fond, ou il est difficile de percevoir un changement. J’ai donc réalisé quelques tests complémentaires, à peu près dans les mêmes conditions,

ISO 100, f/4, 2 mètres

puis dans des conditions différentes (lumière du jour): ISO 400, f/4, 2 mètres

Faisons maintenant varier l’ouverture: ISO 100, 1/2 s, 2 mètres

Variation de sensibilité: f/4, 1/2 s, 2 mètres

Variation de la distance par rapport au flash: ISO 100, f/4, 1/2 s

Le dernier test consiste à faire varier la puissance du flash ISO 100, f/8, 2 s

Que peut-on retenir de ces tests? Globalement nos hypothèses se confirment: 

  1. L’ouverture et la sensibilité agissent sur les deux expositions (flash et ambiante) de la même façon. A noter que mon 430 EX n’est pas un flash haut de gamme, mais qu’à partir de 400 ISO, il est capable d’exposer l’ensemble d’une pièce de plus de 8 mètres. Comme cela représente à peu près la longueur de mon salon, cela veut dire qu’à partir de 400 ISO, le flash éclaire le sujet ET le fond,
  2. La distance n’intervient que dans l’exposition au flash (premier plan),
  3. La vitesse d’obturation n’a quasiment aucune influence sur le premier plan. Elle n’agit que sur les parties de la scène qui sont éclairées par la lumière ambiante.
  4. A ce sujet: nous voyons nettement sur les tests de vitesse, que le mélange des deux lumières intervient également sur la balance des blancs. Plus les temps de pose sont longs, plus l’éclairage ambiant montre sa présence par sa la couleur jaune. Plus le temps de pose est court, plus l’éclair « blanc » du flash devient prédominant.
  5. Concernant la puissance, nous pouvons voir qu’entre 1/8 et 1/64, seule l’exposition du sujet change, le fond restant assez sombre. Au dessus (de 1/4 à 1), la puissance du flash est suffisante  pour exposer légèrement le fond de la pièce.

Globalement nos hypothèses se vérifient donc, et nous pouvons énoncer un nouveau principe: 

Principe 6: La vitesse d’obturation n’a aucune influence sur l’exposition au flash. 

Commentaires sur la puissance du flash

Réglage de la puissance

Les flashes de reportage sont capables de faire varier leur puissance. En mode automatique, ils le font de façon complètement transparente. En mode manuel, la puissance s’exprime souvent de la façon suivante: 1/2, 1/4, … 1/64. Le passage d’une position à une autre, correspond bien, effectivement, à diviser ou multiplier la quantité de lumière émise par deux. Si vous avez bien lu mon exposé sur la mesure d’exposition, vous savez que cela correspond: 

  • à un changement d’exposition flash de +/- 1 IL,
  • au passage d’une valeur « entière » d’ouverture à une autre.

Donc, vis-à-vis de l’exposition au flash, réduire la puissance du flash de 1/2 à 1/4, ou réduire l’ouverture d’un cran, reviennent au même. 

A titre d’exemple, voici le tableau correspondant à un Canon 430EX:

PuissanceFocale 14mmFocale 24mmFocale 28mmFocale 35mmFocale 50mmFocale 70mmFocale 80mmFocale 105mmOuverture
1/11125273134374043f/1
1/27.817.719.121.92426.228330.4f/1.4
1/45.512.513.515.51718.52021.5f/2
1/83.98.89.5111213.114.415.2f/2.8
1/162.86.36.87.88.59.31010.8f/4
1/321.94.44.85.566.57.17.6f/5.6
1/641.43.13.43.94.34.655.4f/8

Correction l’exposition au flash

En plus de la possibilité de modifier leur puissance, certains flashes permettent des réglages plus fin, en proposant des corrections d’exposition. Nous avons déjà parlé de la correction d’exposition dans le cas classique. Avec un flash, nous avons deux corrections d’exposition à gérer: 

  • la correction d’exposition du boîtier,
  • et celle du flash.

La correction d’exposition au niveau du boîtier peut-être considérée comme globale, mais en réalité, son influence dépend du mode utilisé au niveau du boîtier (mode P, Av, Tv). 

La correction d’exposition au flash n’affecte, comme son nom l’indique, que la lumière émise par le flash. Comme déjà indiqué précédemment, ce type de correction sert, par exemple, à diminuer l’influence du flash sur le premier plan, pour obtenir un rendu plus naturel. 

Cette correction est, en général, plus fine que le réglage de puissance, en permettant des variations de +/- 1/3 d’IL.

Limite de distance

Lorsque nous parlons des flashes, la première limite qui vient à l’esprit est celle de la distance: la « portée » du flash semble toujours limitée. J’ai deux commentaires par rapport à cette affirmation: 

  • D’abord, le nombre guide est exprimé pour une sensibilité de 100 ISO: augmenter la sensibilité permet d’aller bien au dela du nombre guide « constructeur ». Le nombre guide 34 à 100 ISO, passe à la valeur de 68 à 400 ISO. Avec une ouverture de f/4, vous aurez une exposition correcte jusqu’à 17 mètres (au lieu des 8 mètres initiaux), ce qui est loin d’être négligeable. Les boîtiers rescents offrant une bonne qualité d’image à 800 ISO, et même 1600 ISO, cela donne une bonne marge,
  • Ensuite il faut également penser à la distance minimum, pour deux raisons: d’abord, parce que le sujet est proche, plus la lumière du flash sera dure et dirigée, ensuite parce que vous risquez d’atteindre le seuil minimum de la puissance du flash: Reprenons notre flash dont le NG est 34. Sa puissance peut être réduite jusqu’à 1/64, soit NG=4.3. Si vous êtes à f/2.8, en dessous de 4.3/2.8 ~ 1,5 mètres, l’exposition au flash sera sur-exposée.

Principe 7: En mode direct (sans diffusion, ni réflexion), trop s’approcher du sujet donne de mauvais résultats.

Les automatismes

Il est possible, voire problable, que certains de ces principes ou résultats ne vous semblent pas cohérents par rapport à votre propre expérience. Vous utilisez peut-être les modes automatiques de votre boîtier. Nous allons donc en parler maintenant. 

Tout ce que je viens de dire dans les paragraphes précédents est, en effet, quasiment invérifiable si vous restez en mode automatique. 

Deux équipements / deux automatismes

Sans flash, la mesure d’exposition est « simple »: la lumière entrant dans le boîtier est analysée sur différents points. Le boîtier décide ou propose une exposition en fonction des mesures effectuées. 

Mais avec un flash, comment faire cette mesure alors que la lumière n’a pas encore été émise? La mesure de la lumière ambiante est toujours réalisée par le boîtier, mais nous avons un mécanisme supplémentaire: Qu’il s’appelle E-TTL, E-TTL II, i-TTL, … les automatismes des flashes fonctionnent tous à peu près de la façon suivante: 

  • Lorsque vous appuyez sur le déclencheur à mi-course, le boîtier effectue la mesure de la lumière ambiante,
  • Au moment du déclenchement, le flash émet une micro-éclair,
  • Le résultat de cet éclair est analysé,
  • Le flash adapte sa puissance en fonction des informations reçues, pour exposer correctement la scène (en général le premier plan). Nous pouvons supposer qu’il va utiliser, pour cela, la formule du nombre guide, en demandant l’ouverture choisie au niveau du boîtier.

Ne cherchez pas, tout se passe extrêmement vite, et la micro-éclair ne se voit pas. 

Nous sommes bien là dans une fonction TTL (Through The Lens), puisque la mesure de la lumière reçue se fait à travers l’optique. 

Principe 8: Le flash et le boîtier disposent de leur propre système de mesure d’exposition. Chacun des équipements travaillent de façon indépendante, mais en communiquant avec l’autre.

L’erreur à ne pas commettre est de considérer que ces deux éléments n’en font plus qu’un. 

Conséquence: Pour un boîtier seul, parler du mode manuel suffit en général pour dire que nous sommes en mode M, et que nous déterminons donc nous même l’ouverture, la sensibilité et la vitesse d’obturation. Si l’on ajoute un flash, les choses deviennent un peu plus compliquées. En effet, même si vous basculez votre boîtier en mode M, les automatismes du flash eux restent actifs. Nous sommes donc en mode M / flash TTL ou auto. Pour parler de flash manuel, il faut commuter le flash lui-même en mode manuel. Si le boîtier est en mode M, nous sommes alors en mode Manuel / Flash manuel. 

Flash manuel / Flash auto

Tous les tests de cet article ont été réalisé en mode Manuel/Manuel. J’ai placé le boîtier et le flash en mode M, ce qui m’a donné un accés, et un contrôle total des paramètres Sensibilité, vitesse, ouverture, et puissance du flash. 

Dans ce mode, comme nous venons de le voir, nous n’avons qu’à suivre les règles, en commençant par la formule du nombre guide. Ce mode là est très bien pour comprendre les bases, il devient difficile à utiliser au quotidien, dans des conditions « reportage ». Je pense qu’il est plus adapté à des conditions de type « studio ». 

En mode automatique/TTL, le comportement du flash est le même, quel que soit le mode utilisé sur le boîtier (M, P, ou priorité ouverture / Vitesse). Seul le comportement du boîtier change en fonction du mode, ce qui explique les résultats assez variables. 

Mode Manuel / Auto (boîtier manuel / Flash auto)

Au niveau du boîtier, nous choisissons l’ouverture et la vitesse qui nous conviennent. Au déclenchement le flash fait le reste. L’avantage de ce mode est que nous avons la maîtrise des paramètres, et notamment de la vitesse d’obturation. Globalement, une fois fixée l’ouverture, nous nous occupons de l’exposition de la lumière ambiante avec la vitesse d’obturation, et le flash s’occupe de l’exposition du premier plan, en modulant sa puissance (et il le fait en général plutôt bien). Un ajustement fin peut être effectué au niveau du flash, avec une correction d’exposition. 

Mode Priorité ou mode P / Auto

Là, les choses se gâtent. Le boîtier définit lui-même le ou les paramètres (ouverture et vitesse). Au déclenchement, le flash s’adapte en fonction des informations que lui envoie le boîtier. Deux problèmes/questions: 

  • Sur quels critères, ou avec quel algorithme le boîtier définit-il les paramètres d’exposition?
  • Quelles informations le boîtier envoie-t-il exactement au flash?

Le premier point est important: lors de la conception du boîtier, les ingénieurs ont certainement choisi un algorithme de calcul convenant à la plupart des situations, une sorte de compromis. Le problème est que ce compromis est rarement l’optimal. 

Dans le cas de Canon, par exemple: lorsqu’il est en mode Priorité, le boîtier semble se fixer une vitesse minimale de 1/30. S’il est en mode P, ce minimum passe à 1/60ième! A ces vitesses, si votre lumière ambiante est vraiment faible, l’arrière plan sera sombre, voire bouché. Comme l’exposition au flash (premier plan), est en général légèrement sur-évaluée, nous retrouvons le résultat souvent constaté: un premier plan type « fromage blanc », sur fond noir. 

Le seul cas où le mode P s’en sort plutôt bien, est le fill-in: lorsque la luminosité de l’arrière plan est assez forte, et que le sujet est dans l’ombre, par exemple, les conventions prises fonctionnement beaucoup mieux (personnellement, je corrige juste de -1/3 ou -2/3 d’IL au niveau du flash). 

Conclusion sur les automatismes

Pour résumer, en mode « reportage », il vaut mieux garder l’automatisme du flash, mais passer en mode manuel pour le boîtier. Vous gérez l’exposition globale de la scène, et le flash se débrouille du reste (premier plan), en s’adaptant à vos contraintes (principalement l’ouverture). 

Pour des photos de studio, le mode « Manuel / Manuel » permet de mieux maîtriser l’éclairage. 

Les modes Mode Priorité / Auto et Mode Auto / Auto sont de vrai-faux amis. Si le flash continue de faire son travail, à peu près correctement, le boîtier propose des paramètres qui défavorisent l’arrière plan (exposition lumière ambiante). 

Vitesses / Synchro lentes

Comme les tests le montrent, la vitesse d’obturation n’influence que les zones de notre scène, qui sont éclairées par la lumière ambiante. Plus nous descendons cette vitesse, plus l’arrière plan sera exposé. Des vitesses élevées feront disparaître cet arrière plan dans l’ombre. 

Sur le papier c’est simple. En pratique, nous nous heurtons aux mêmes contraintes que les photos sans flashes: en augmentant les temps de pose, nous augmentons le risque d’avoir des zones floues, en cumulant le flous de bougé, et le flou lié au mouvement du ou des sujets. 

Lors d’une soirée, par exemple, la lumière ambiante est en général assez faible. Il nous faudra donc utiliser des vitesses lentes (1/30ième, 1/15ième, ou en dessous), qui ne sont pas adaptées aux sujets mobiles (danseurs), et le flou de bougé arrive très vite. 

Il ne faut cependant pas oublier qu’en numérique, nous pouvons intervenir sur un autre paramètre: la sensibilité. Si la vitesse devient trop lente, nous pouvons augmenter la sensibilité, pour revenir à des vitesses « raisonnables ». 

Ce point me semble important: depuis les débuts du numérique, nous sommes conditionnés pour utiliser les ISO les plus basses possibles. Combien d’articles commencent par « Sélectionner 100 ISO, et même 50 si vous le pouvez … ». Ce réglage est presque devenu un réflexe. Cette démarche était effectivement valable, il y a 5 ou 6 ans. Aujourd’hui, les boîtiers ont fait d’énormes progrès, et nous pouvons monter au moins jusqu’à 800 ISO sans avoir de bruit excessif. 

Donc, de la même manière que pour la photo sans flash, il faudra trouver le bon compromis entre ouverture, vitesse, et sensibilité. Le flash nous apporte 

  • Deux contraintes, que sont la vitesse de synchro (1/125ième, 1/250ième), et la distance couverte,
  • Deux avantages: une source d’éclairage supplémentaire (c’est son rôle),  et la possibilité de « figer » les mouvements du premier plan (grâce à la brèveté de l’éclair).

Le flash ne dispense pas de sélectionner des ISO élevés, ou d’utiliser un trépied, puisque les contraintes d’exposition de la lumière ambiante ne changent pas. 

Cet aspect est d’ailleurs souvent jugé comme un paradoxe: comment pouvons-nous avoir besoin d’un trépied, alors que le flash est censé compenser les défaillances de l’éclairage? En considérant le principe 4 (deux expositions), ce paradoxe n’en n’est plus un. 

Récapitulatif

Nous pouvons maintenant dresser une liste de principes fondamentaux de la photo au flash: 

  1. Maîtriser la photo avec flash, consiste à savoir gérer le mélange de la lumière ambiante, et de la lumière du flash, qui sont deux sources distinctes,
  2. Plus la surface émettrice est grande, plus douce sera la lumière, meilleurs seront les résultats,
  3. La formule du nombre guide est fondamentale, et il faut l’utiliser exactement comme elle est exprimée,
  4. Lorsque nous réalisons une photo au flash, nous devons considérer deux expositions: l’exposition à la lumière ambiante, et l’exposition au flash,
  5. Le flash expose prioritairement le premier plan, la lumière ambiante expose le reste de la scène photographiée,
  6. La vitesse d’obturation n’a aucune influence sur l’exposition au flash,
  7. En mode direct (sans diffusion, ni réflexion), trop s’approcher du sujet donnera de mauvais résultats,
  8. Le flash et le boîtier disposent de leur propre système de mesure d’exposition. Chacun des équipements travaillent de façon indépendante, mais en communiquant avec l’autre

Personnellement, les principes 1, 4, 5 me semblent les plus importants. Pour faire une photo avec un flash, il faut 

  • d’abord considérer la lumière ambiante disponible (paramètres boîtier),
  • définir ce qui sera exposé par le flash, et comment (paramètre flash).

Dès que j’ai adopté cette démarche, les résultats se sont considérablement améliorés. 

Conclusion

Même si cet article est encore assez théorique, il constitue une base solide pour comprendre la photographie au flash, au moins dans les conditions de reportage. Personnellement, l’écriture de ce tutorial m’a fait considérablement progressé: mon taux de photos « conservées » a nettement augmenté, et lorsqu’une photo est « loupée », je sais maintenant pourquoi. 

Pour autant, notre apprentissage n’est pas terminé: d’une part, il nous faut mettre en pratique ces beaux principes, et d’autre part, aborder les autres sujets de la photo au flash, comme la balance des blancs, les aspects diffusion/réflection, le flash déporté, la gestion de plusieurs flashes … 

Références

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